Le jeu pathologique est basé sur une perte de contrôle ayant pour conséquence une incapacité à arrêter de jouer. Ce comportement compulsif pourrait être en lien par des distorsions cognitives. Le « near miss » est une situation de jeu où un gain semblait acquis, mais qui s’est finalement soldée par une perte. La mauvaise évaluation du Near-miss, favorisant la poursuite du jeu, pourrait traduire ce type d’illusion de contrôle.
Une étude portant sur 22 joueurs pathologiques et 22 témoins sains jouant sur une machine à sous avec des gains, des Near-misses et full-misses à l’intérieur d’une IRM fonctionnelle a été réalisée. Chaque participant a joué la tâche à 2 reprises : 1 fois sous placebo et 1 fois sous un antagoniste des récepteurs dopaminergiques D2/D3 (sulpiride). Les participants ont été également interrogés sur leur motivation à continuer à jouer.
Il a été démontré que la motivation pour continuer à jouer était plus élevée chez les joueurs pathologiques. Les gains suscitaient plus de motivation que les pertes et les Near-Misses plus de motivation que les Full-Misses. L’effet du résultat sur la motivation ne différait pas entre les groupes et au fil du temps, la motivation à jouer diminue pour tout le monde.
Par ailleurs, les Near-misses entraînaient une réponse plus forte que les full-misses dans le striatum ventral, nœud central du circuit de la récompense, ainsi que dans l’insula antérieure. Les réponses striatales ventrales aux Near-Misses étaient plus fortes chez les joueurs pathologiques. Celles aux Full-Misses étaient comparables entre les groupes ainsi qu’après un gain.
Il semblerait que le striatum ventral joue un rôle prédominant dans l’apprentissage par renforcement et qu’une activité accrue de cette zone reflète un apprentissage aberrant sur acquisition de compétences. Cet apprentissage contribue à une illusion de contrôle.
Le sulpiride n’a pas induit de modulation détectable du comportement ou de la réponse cérébrale aux Near-Misses. L’ensemble de ces résultats pourrait avoir un impact sur la prévention et le traitement du jeu pathologique, notamment avec la limitation de la fréquence des Near-Misses dans les jeux de hasard et l’intégration d’une prise en charge spécifique de l’illusion de contrôle dans la thérapie cognitivo-comportementale.
Par :
Marine Fabrowski, interne en psychiatrie, Lyon
Benjamin Rolland, Service Universitaire d’Addictologie de Lyon, Université de Lyon
Guillaume Sescousse, Chargé de Recherche INSERM, CRNL, Lyon