Mieux comprendre l’usage détourné des traitements de substitution opiacés chez nos patients : l’exemple de la Buprénorphine

La Buprénorphine est une molécule approuvée dans de nombreux pays et utilisée dans le traitement de la dépendance aux opioïdes. Il s’agit d’un agoniste partiel des récepteurs opioïdes qui possède un profil d’innocuité favorable par rapport au risque de dépression respiratoire et d’overdose.

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La Buprénorphine est une molécule approuvée dans de nombreux pays et utilisée dans le traitement de la dépendance aux opioïdes. Il s’agit d’un agoniste partiel des récepteurs opioïdes qui possède un profil d’innocuité favorable par rapport au risque de dépression respiratoire et d’overdose. Malgré son profil pharmacologique particulier, l’abus, le mésusage et le détournement de la Buprénorphine sont assez répandus parmi les usagers. Les raisons du détournement de la Buprénorphine sont peu comprises alors même qu’il contribue à une utilisation illicite de celle-ci. Les auteurs ont donc voulu mieux cerner ces mécanismes en proposant un sondage en ligne à des usagers de plus de 18 ans. Ce questionnaire permettait d’évaluer les raisons de l’utilisation de la Buprénorphine avec ou hors prescription, la provenance du médicament, la voie d’administration et les obstacles au traitement.

 

Sur 303 répondants, 175 (58%) déclaraient avoir déjà consommé de la Buprénorphine de manière détournée, dont 65 hors de toute prescription médicale. Les raisons principales de l’utilisation illicite de la Buprénorphine étaient compatibles avec une utilisation thérapeutique de ce traitement : 79 % l’utilisaient pour prévenir le sevrage, 67% pour maintenir l’abstinence, et 53% pour réaliser un sevrage par eux-mêmes. La moitié (52%) l’utilisaient à visée de défonce ou de modification de l’humeur mais peu d’entre eux (4%) indiquait qu’il s’agissait de leur médicament de choix pour cela. Parmi les détourneurs de la Buprénorphine, 33% déclaraient avoir eu des difficultés à trouver un médecin ou à obtenir le traitement, mais 81% des participants totaux indiquaient qu’ils préféreraient utiliser de la Buprénorphine prescrite.

 

En conclusion, malgré un taux important de détournement de la Buprénorphine chez les usagers, les causes de ce mésusage semblent majoritairement être compatible avec l’usage thérapeutique et encadré de ce traitement. Ce détournement du traitement est en partie causé par les difficultés à accéder aux soins et au traitement. Malgré certaines politiques de santé actuelles, il reste donc encore primordial aujourd’hui de développer les modes d’accès facilités aux traitements de substitution aux opiacés.

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