Benzodiazépines : seule une partie des patients exposés au long cours va développer une addiction

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On sait que les prescriptions au long cours de benzodiazépines sont très fréquentes, et qu’elles peuvent donner lieu à des addictions. Mais quelle proportion de patients est concernée en pratique ? Dans cette grande étude de cohorte danoise, les auteurs ont étudié la fréquence et les déterminants de l’utilisation à long terme des benzodiazépines et des médicaments apparentés aux benzodiazépines (BZD&A), ainsi que le risque d’augmentation de la dose.

Parmi tous les adultes âgés de 20 à 80 ans vivant au Danemark au 1er janvier 2000 (N=4 297 045), celles et ceux pour lesquels des ordonnances de BZD&A avaient été réalisées, ont été identifiés dans le registre national danois des prescriptions du 1er janvier 2000 au 31 décembre 2020. Pour chaque classe de médicaments, les auteurs ont regardé l’utilisation à long terme (plus d’un an ou de sept ans) et l’augmentation de la dose, c’est-à-dire l’augmentation de la dose à un niveau supérieur à celui recommandé. Les associations ont été examinées à l’aide de régressions logistiques.

Ainsi, les auteurs ont identifié 950 767 utilisateurs incidents de BZD&A, dont 15 % et 3 % sont devenus des utilisateurs à long terme pendant plus d’un an ou de sept ans, respectivement. Ces pourcentages étaient les plus élevés chez les personnes ayant commencé à prendre des Z-drugs (17,8 % et 4 %). Parmi les 5 % d’utilisateurs de BZD&A qui avaient au moins 3 ans d’utilisation continue, il n’y avait pas d’indication d’escalade de la dose, car la dose médiane est restée relativement stable. Cependant, 7 % (N=3 545) des utilisateurs de BZD&A ont augmenté les doses au-delà du niveau recommandé. La présence de comorbidités psychiatriques, en particulier les troubles liés à l’utilisation de substances, était associée à un risque plus élevé d’utilisation à long terme et d’augmentation de la dose.

Conclusions : une partie limitée de la population ayant reçu des prescriptions de BZD&A a évolué vers un usage au long cours, et seule une petite proportion de ce groupe a augmenté les doses au-delà de celles recommandées. Cette étude ne permet donc pas, dans le cadre de la réglementation actuelle, d’affirmer que l’utilisation de BZD&A entraîne fréquemment une utilisation à long terme et une augmentation de la dose chez ceux qui sont maintenus longtemps sous BZD&A.

Par Benjamin Rolland

Lien vers l’article : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37727098/