Nalméfène : des auteurs américains donnent leurs avis sur son utilisation comme antidote aux surdoses d’opioïdes

« Le plus fort n’est pas toujours le meilleur : le nalmèfène dans la réponse communautaire aux surdoses et les fausses promesses de solutions toutes faites pour les problèmes de santé publique ». Une critique parue dans International Journal of Drug Policy.

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Nalméfène des auteurs américains donnent leurs avis sur son utilisation comme antidote aux surdoses d'opioïdes
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Les États-Unis connaissent leur troisième décennie de crise liée aux surdoses de drogue. L’un des outils importants pour répondre à cette crise est l’agent antagoniste des opioïdes, la naloxone. Mais, avec la présence désormais d’opioïdes de rue hyperpuissants comme le fentanyl et ses dérivés, certains ont plaidé en faveur de l’utilisation d’antidotes opioïdes alternatifs tels que le nalméfène, qui a une affinité plus élevée pour les récepteurs opioïdes et une demi-vie plus longue.

Selon les auteurs américains de ce Position Paper, ce raisonnement va trop vite. Il existe pour eux peu de preuves que l’utilisation du nalméfène pour la prise en charge des surdoses au niveau communautaire apportera un bénéfice global par rapport à la naloxone, et ils estiment au contraire que le nalméfène pourrait causer des dommages importants. Leur argumentaire est que le nalméfène, comparé à la naloxone, a une demi-vie très longue, et pourrait ainsi causer un état de sevrage prolongé, donnant au minimum un inconfort, voire une réelle détresse chez les personnes utilisant des drogues opioïdes.

Selon ces auteurs, le nalméfène semble être vendu comme une solution « miracle » à un problème complexe et terrible, alors qu’une prévention durable des surdoses nécessiterait une amélioration globale des infrastructures de santé publique. « La crise des surdoses nécessite davantage d’attention, d’efforts et de financement qu’une intervention technologique ou pharmaceutique soi-disant novatrice ».

En savoir plus (disponible en open access en version anglaise) : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0955395925002415?via%3Dihub

 

par Benjamin Rolland