Aux Etats-Unis la crise des opioïdes est loin d’être arrivée à son terme. Le business de la douleur qui en est la cause n’a pas pris sa source au Mexique comme certains politiques aimeraient le croire, mais bien au cœur de l’Amérique, et plus précisément d’une entreprise de renom, Purdue Pharma, détenue par la famille Sackler.
Les prescriptions en masse de leur opioïde phare, à savoir l’Oxycontin, boosté par des campagnes publicitaires agressives et mensongères, ont précipité des dizaines de milliers de patients souffrant de douleurs chroniques dans une addiction incontrôlée. Les overdoses en nombre ont accompagné ces usages et les morts se comptent désormais en centaines de milliers…
Ce documentaire consacre sa première partie au business plan de Purdue Pharma et à son Oxycontin. Cette histoire est bien documentée désormais, et de nombreux ouvrages, documentaires et même fictions l’ont éclairée. La deuxième partie du documentaire, consacrée, elle, au fentanyl, colle plus à l’actualité et nous raconte comment les laboratoires concurrents du Purdue ont surfé sur la vague du succès de l’Oxycontin pour lancer leur propre painkiller avec des procédés commerciaux déviants qui n’ont rien à envier à ceux de Purdue.
En 2012, le laboratoire Insys et son vice-président Alec Burlakoff lancent un antidouleur, le Subsys, du fentanyl réservé en principe aux patients souffrant d’un cancer. Malheureusement, à l’instar de l’oxycontin, les prescriptions médicales seront élargies à toute souffrance, identifiable ou pas, et les ordonnances pleuvent pour inonder une population prête à faire des queues interminables à l’entrée de cliniques tenues par des hommes d’affaires peu scrupuleux.
Ces cliniques, vite identifiées comme des “usines à pilules“, proposent des consultations expresses et débitent des ordonnances de fentanyl à la chaîne… Cette crise des opioïdes, lancée par la famille Sackler a donc très vite trouvé ses relais jusqu’à ce que des procureurs pugnaces fassent leur travail, que la justice s’en mêle en 2016 et mette alors fin au “deal légal“.
Malheureusement, les produits sont encore et toujours dans la rue, fabriqués non plus par l’industrie pharmaceutique mais par des cartels qui ont compris qu’il y avait des gros sous à gagner sur le dos de personnes addictes et vulnérables. L’addiction ne supporte pas le vide, alors quand les produits sont stoppés à la porte du soulagement du manque, ils passent judicieusement par la fenêtre pour faire taire les symptômes. Rien de bien surprenant…
Thibault de Vivies,
DopamineCity.fr