Récit de vie / “Pablo Escobar mon père“ de Juan Pablo Escobar

  Pas simple d’être l’héritier d’un père qui a marqué de son empreinte le crime organisé et le trafic international de stupéfiants. Quand Pablo Escobar meurt le 2 décembre 1993, son fils Juan est adolescent. A seize ans, quand on apprend que son père vient de se faire tuer, on n’a qu’une seule envie, celle de le venger. Ce sont du moins les premières pensées qui vinrent à l’esprit de Juan, mais qui furent vite dissipées par l’envie de ne pas suivre le chemin tout tracé de son père, et de s’éloigner du milieu des cartels pour se mettre à l’abri et construire une autre route. Juan Pablo Escobar a fuit en Argentine avec sa mère et sa sœur, a pris le nom de Sebastián Marroquín, et travaille aujourd’hui comme architecte. Il lui a fallut une bonne trentaine d’années pour écrire le récit d’une vie au plus proche d’un père loin de tout reproche mais aimant. Le livre est paru pour la première fois en 2014, et est publié aujourd’hui en français aux Editions Hugo Doc. Le récit est chronologique et traverse toute la vie de Pablo Escobar, “El Patron“ incontournable du cartel de Medellin, qui a su faire parler de lui aussi bien pour le trafic de cocaïne dont il était l’un des plus éminent représentant, mais aussi pour sa générosité envers les déshérités dont beaucoup lui vouent encore un culte. Tout le parcours d’Escobar y passe, avec dans ses jambes un fils, mais aussi une fille et une épouse qui doivent suivre le mouvement. L’enfance de Juan Pablo est celle d’un enfant gâté par un père qui n’a jamais négligé ses enfants et voulait leur offrir tout ce dont ils avaient besoin. Juan Pablo a donc grandi dans une ambiance familiale aimante, avec des cadeaux tous plus démesurés les uns que les autres, mais sans être directement confronté aux affaires de son père et à la violence du milieu. Les dernières années avant la mort du père ne furent pas aussi roses puisque l’emprisonnement et les traques successives ont directement touché la famille. Le récit ne s’arrête pas à la mort de Pablo Escobar père, car ce qui a suivi n’a pas été de tout repos pour le reste de la famille. Juan, sa petite sœur et sa mère furent abandonnés par la famille de Pablo, durent régler les additions dues aux autres cartels, et fuir la Colombie pour sauver leur peau. Dans son récit, Juan n’essaie pas de disculper son père ou d’essayer de trouver des circonstances atténuantes à tous ses trafics, meurtres et attentats. Il sait bien qui il était et ce dont il était capable pour arriver à ses fins, mais il tente d’apporter un témoignage personnel sur l’homme et son entourage. Il observe les événements qui ont parsemé son parcours avec un éclairage authentique, forcément différent de celui des autorités ou autres personnalités du cartel de Medellin ou de ses concurrents. Juan Pablo, comme il l’a fait à travers un documentaire réalisé en 2009 et intitulé “Les péchés de mon père“, documentaire qui a reçu de nombreux prix, tente un appel à la réconciliation nationale. « J’aimerais publiquement demander pardon à toutes les victimes de mon père, écrit-il. Je suis abasourdi par la violence sans précédent qui a touché tant de personnes innocentes. Je veux qu’elles sachent qu’aujourd’hui je recherche à honorer leur mémoire, de tout mon cœur ». Les accords de paix signés récemment entre le groupe armé des FARC (Forces armées révolutionnaires de Colombie) mêlé aux trafic de cocaïne, et le gouvernement colombien, va probablement dans ce sens-là…

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