On avait entendu ces dernières années dans les médias américains, les voix brisées de Kathryn, Erik, Jeff… Aujourd’hui, c’est bien ici, en France, que celles de Marie, Julien et les autres, devenus accros à leur médicament antidouleur, s’élèvent et alertent. Bien sûr, médecins et experts sont unanimes : nous sommes loin, très loin, du fléau qui décime les États-Unis (10 millions de dépendants, 64 000 morts !) et le Canada.
Pas les mêmes systèmes de santé, pas les mêmes outils de contrôle, disent-ils. Mais tous ont frémi devant les chiffres publiés cet été par l’Observatoire français des médicaments antalgiques (OFMA). En dix ans, les prescriptions de comprimés antidouleur opioïdes forts (oxycodone, morphine, fentanyl) ont plus que doublé dans notre pays, tandis que les hospitalisations et les décès de patients par overdose ont littéralement explosé, + 167 % pour l’un, + 146 % pour l’autre.
« Il y a deux ou trois ans, quand les alertes américaines nous inquiétaient, on se faisait rembarrer par les officiels sous le thème Les États-Unis ne sont pas la France ! On voit désormais que ce n’est pas si étanche », pointe l’addictologue Jean-Pierre Couteron, porte-parole de la Fédération addiction. Le constat est désormais posé. Reste à mettre en place la réponse adaptée pour éviter la crise sanitaire.