Accro au travail : à partir de quand faut-il s’inquiéter ?

Plus que la quantité de travail, c’est le rapport infernal qu’ils ont avec leur activité professionnelle qui caractérise les bourreaux de boulot. Quels sont les symptômes ?

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Son premier réflexe le matin en se levant ? Vérifier ses mails professionnels et y répondre. À 7 h 30, Sandra quitte son domicile, direction le 15e arrondissement de Paris pour une journée de travail acharnée. Mise à part une pause pour aller acheter un sandwich, qu’elle avale en bossant, cette quadra spécialiste des systèmes d’information travaille non stop jusqu’à 22 heures, parfois plus. De retour chez elle, elle vérifie encore son smartphone. Depuis cinq ans, les sorties entre amis se sont espacées. « Parfois, je suis invitée à des dîners et je ne m’y rends pas, sans prévenir car je rentre éreintée et vidée », confesse-t-elle. Lors de ses rares vacances, elle a toujours son téléphone à portée de main et ne part que dans des endroits où la couverture réseau est optimale. Pas question pour elle de déconnecter.Dire que son travail est sa vie n’est pas un vain mot. Sandra est ce que l’on appelle une « workaholic », une accro au boulot en VF.

UNE MALADIE DU TRAVAIL ?

« Il n’existe pas de classification médicale pour le “workaholism”. S’il n’y a pas de critères de maladie, c’est peut-être que ce n’en est pas une. D’ailleurs, il n’existe pas de traitement ad hoc, ni de consultations spécifiques sur cette addiction. Il s’agit d’une relation anxieuse et envahissante à son travail », observe Michel Lejoyeux, professeur de psychiatrie à l’université Denis-Diderot et auteur des 4 saisons de la bonne humeur (éditions JC Lattès). Et pourtant, classification ou pas, les accros au boulot se comptent par milliers en France. « Les populations précaires, type les jeunes et les seniors surinvestissent leur emploi par peur de le perdre. Les femmes sont également particulièrement touchées car elles doivent en faire davantage que les hommes pour parvenir aux mêmes responsabilités, quitte à s’en rendre malade parfois », souligne Alexis Peschard, addictologue et directeur associé du cabinet GAE Conseil.