Crise des opioïdes : un vaccin qui empêche le fentanyl d'entrer dans le cerveau

Les anticorps générés par un vaccin expérimental attrapent les molécules de fentanyl et l’empêchent de pénétrer dans le cerveau, annulant ainsi son effet.

Opiacés

La crise des opioïdes continue à faire des ravages aux États-Unis et menace de s’exporter vers le reste du globe. En cause le fentanyl, un opiacé synthétique beaucoup plus addictif que la morphine ou l’héroïne. Cette molécule pénètre rapidement dans le système nerveux central et y active un circuit neuronal qui produit une grande sensation d’euphorie. En excès, elle entraîne une défaillance respiratoire qui coupe l’alimentation en oxygène du cœur, causant une insuffisance cardiaque qui peut être mortelle. Aujourd’hui, 70% des overdoses aux États-Unis sont dues à cette drogue. Et même s’il existe des médicaments pour traiter l’addiction à cet opioïde, le taux de rechute reste très élevé (près de 90%). Mais une nouvelle approche pourrait changer la donne : un vaccin. Des chercheurs de l’Université de Houston (États-Unis) ont testé chez des rats un nouveau vaccin spécifique contre le fentanyl. Leurs résultats, publiés le 26 octobre 2022 dans le journal Pharmaceutics, montrent que leur vaccin bloque efficacement les molécules de cette drogue et évite ainsi tous ses effets négatifs.

Tromper le système immunitaire pour produire des anticorps contre le fentanyl

Ce vaccin est composé par des molécules hybrides, mélangeant l’antigène du fentanyl (la partie exposée de la molécule que les anticorps pourront reconnaitre) et une molécule immunogénique qui va stimuler le système immunitaire pour le forcer à produire des anticorps. Pour amplifier la réponse immunitaire, un adjuvant fait partie du vaccin, comme c’est le cas pour une grande partie de vaccins disponibles actuellement. Ainsi, le corps finit par générer des anticorps qui reconnaissent les molécules de fentanyl, comme s’il s’agissait d’une protéine virale ou bactérienne.

Ces anticorps vont ensuite détecter le fentanyl et s’y accrocher, ce qui force la drogue à rester dans le flux sanguin, sans pouvoir entrer dans le cerveau ou d’autres organes. L’opioïde ne peut donc plus stimuler le système nerveux central et son effet est ainsi annulé. Ensuite, la drogue sera éliminée par les urines.

Il faut préciser toute fois qu’il s’agit d’une étude purement expérimentale. Un tel vaccin n’est pas disponible actuellement et n’a pas d’autorisation de mise sur le marché pour l’instant, même aux États-Unis.

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