
Les études passées sur l’efficacité comparative de la buprénorphine et de la méthadone n’ont fourni que des preuves limitées des différences d’effets de ces deux traitements entre les sous-groupes clés et ont été menées auprès de populations qui consomment principalement de l’héroïne ou des opioïdes sur ordonnance, alors que la consommation de fentanyl de rue est en augmentation en Amérique du Nord.
Ici, les auteurs ont mesuré le risque d’interruption du traitement et le risque de mortalité chez les personnes recevant de la buprénorphine/naloxone par rapport à la méthadone pour le traitement des troubles liés à l’utilisation d’opioïdes. Il s’agissait d’une étude de cohorte rétrospective basée sur la population et utilisant des bases de données administratives de santé liées en Colombie-Britannique, Canada. L’étude a porté sur les personnes ayant reçu un traitement entre le 1er janvier 2010 et le 17 mars 2020, qui étaient âgées de 18 ans ou plus et qui n’étaient pas incarcérées, enceintes ou qui recevaient des soins palliatifs contre le cancer au début de l’étude. Les auteurs ont comparé les risques relatifs (RR) et leurs intervalles de compatibilité (confiance) de 95 % pour l’arrêt du traitement (d’une durée ≥5 jours pour la méthadone et ≥6 jours pour la buprénorphine/naloxone) et la mortalité toutes causes confondues dans les 24 mois à l’aide de modèles de survie.
Au total, 30 891 utilisateurs incidents (39% recevant de la buprénorphine/naloxone ; 66% d’hommes ; âge médian, 33 [25ème-75ème, 26-43] ans) ont été inclus dans l’analyse initiateur et 25 614 dans l’analyse per-protocole. Les utilisateurs incidents de buprénorphine/naloxone présentaient un risque plus élevé d’arrêt du traitement par rapport à la méthadone dans les analyses initiales (88,8 % vs 81,5 % d’arrêt à 24 mois ; HR ajusté, 1,58 [IC 95 %, 1,53-1,63]), avec un changement limité dans les estimations lorsqu’elles sont évaluées à la dose optimale dans l’analyse per-protocole (42,1 % vs 30,7 % ; HR ajusté, 1,67 [IC 95 %, 1,58-1,76]). Les analyses per-protocole de la mortalité pendant le traitement ont donné des résultats ambigus chez les utilisateurs incidents (0,08 % vs 0,13 % de mortalité à 24 mois ; HR ajusté, 0,57 [IC à 95 %, 0,24-1,35]) et chez les utilisateurs prévalents (0,08 % vs 0,09 % ; HR ajusté, 0,97 [IC à 95 %, 0,54-1,73]). Les résultats étaient similaires après l’apparition du fentanyl de rue, dans les sous-groupes de patients et dans les analyses de sensibilité.
Conclusions et pertinence : Le fait de recevoir de la méthadone était associé à un risque plus faible d’interruption du traitement que la buprénorphine/naloxone. Le risque de mortalité pendant le traitement était similaire pour la buprénorphine/naloxone et la méthadone, bien que l’estimation de l’IC pour le ratio de risque était large.
Lien vers l’article: https://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/2825088
Par Benjamin Rolland