« L’addiction au sucre se définit d’un point de vue comportemental »

Le neuroaddictologue Serge Ahmed revient sur cette addiction au sucre, alors que selon l’Anses, 77 % des aliments transformés contiennent du sucre.

Autres addictions comportementales

Tous accros ? Malgré les mesures prises pour faire baisser le sucre contenu dans les aliments transformés, une étude de l’Anses sur la composition de 50 000 produits publiée récemment alerte. En 2020, 77 % des aliments transformés contenaient du sucre ajouté, qu’ils soient salés ou sucrés.

Le Point : Comment le sucre agit-il sur notre cerveau ?

Serge Ahmed : Il faut d’abord préciser de quel sucre on parle. Quand on mange un produit avec beaucoup de sucres ajoutés, il s’agit généralement de saccharose, que l’on extrait de la canne à sucre ou de la betterave, de glucose ou de fructose. Tous trois stimulent les cellules spécialisées de nos papilles gustatives, qui nous permettent de reconnaître sensoriellement le goût sucré.

Une fois ingérées, ces molécules ont des avenirs différents. Tout d’abord, le saccharose se scinde en glucose et fructose. Ensuite, on a découvert récemment que le petit intestin contenait des cellules spécialisées, les neuropodes, qui sont des sortes de papilles gustatives intestinales. Celles-ci n’enregistrent pas de sensation consciente, mais sont connectées à des neurones sensoriels du nerf vague, liés à un circuit dans le tronc cérébral qui est lui-même connecté au circuit de la récompense. Ces cellules gustatives intestinales ne réagissent normalement qu’au glucose, qui a une fonction énergétique de base, et agit comme une sorte de carburant pour notre corps.

Dans quelle mesure peut-on parler d’addiction au sucre ?

Toutes les drogues ont en commun d’agir sur le circuit de la récompense, ces neurones qui utilisent un neurotransmetteur particulier, la dopamine. La particularité du mécanisme addictif, c’est que lorsque les drogues agissent sur ce circuit, il ne s’y habitue pas. C’est anormal : l’envie de consommer s’amplifie au fur et à mesure que l’usage est répété au lieu de décroître.

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