Introduction
À l’échelle mondiale, le tabagisme est l’une des principales causes de décès et de maladies évitables (1). C’est également un facteur clé des inégalités en matière de santé qui affecte de manière disproportionnée les populations vulnérables. Par exemple, les personnes aux faible revenus et qui souffrent de problèmes de santé mentale (2). Cependant, l’arrêt du tabac est efficace pour réduire une grande partie des méfaits causés, même après de nombreuses années de tabagisme (3, 4). Les interventions de sevrage tabagique sont parmi les plus rentables en matière de soins de santé, de nombreuses estimations suggèrent qu’elles réduisent globalement les coûts des services de santé (4, 5, 6). De nombreuses personnes qui fument aimeraient arrêter. Cependant, il faut généralement plusieurs tentatives avant de réussir (7). Cela s’explique en partie par le fait qu’aucun des traitements disponibles pour la dépendance au tabac n’a des taux de réussite particulièrement élevés et que peu de personnes utilisent ces traitements de manière optimale (8).
Objectifs de l’étude
Il s’agit d’évaluer les bénéfices, les risques (effets indésirables) et la tolérance des différents traitements médicamenteux et de la vape pour aider les fumeurs à se sevrer du tabac.
Une première méta-analyse en réseau n’inclut pas la vape et la seconde n’inclut pas la cytisine ou la nortriptyline comme des possibilités de traitements alternatifs.
Méthodologie
Nicola Lindson (université d’Oxford, UK) et ses collaborateurs (universités d’Oxford et de Leicester, UK) ont inclus :
- des essais cliniques randomisés contrôlés,
- des essais cliniques randomisés par grappes,
- des essais cliniques randomisés factoriels (multi-bras)
Ces essais évaluent le sevrage tabagique à 6 mois ou plus.
Les sujets inclus sont des fumeurs de cigarettes. Les femmes enceintes ont été exclues (certains traitements sont contre-indiqués pendant la grossesse).
Les traitements pris en compte sont les suivants : les traitements de substitution nicotinique (TSN), la varénicline, le bupropion, la cytisine et la nortriptyline.
Si un accompagnement comportemental était associé, il fallait qu’il le soit dans le groupe « traitement » et le groupe « contrôle ».
332 études répondent aux critères fixés par les auteurs et 319 d’entre elles ont fourni des informations qui ont pu être utilisées dans les analyses. Ainsi, 157 179 adultes qui fumaient des cigarettes ont été pris en compte. La plupart des études ont eu lieu aux États-Unis ou en Europe.
Résultats
La vape, la varénicline et la cytisine étaient les plus susceptibles d’aider les patients à arrêter de fumer.
Pour 100 personnes :
- 10 à 19 sont susceptibles d’arrêter avec la vape,
- 12 à 16 avec la varénicline, et
- 10 à 18 avec la cytisine.
Ceci est à comparer aux 6 personnes sur 100 susceptibles d’arrêter de fumer si elles n’utilisent aucun médicament/vape ou placebo.
Les personnes utilisant deux formes de TSN en même temps, par exemple une combinaison de patchs et de gommes à la nicotine, semblent avoir des taux d’arrêt du tabac similaires à ceux des personnes qui utilisent la vape, la varénicline ou la cytisine.
Les patchs à la nicotine seuls, une autre forme de TSN (telle que la gomme ou la pastille) et le bupropion semblent aider moins de personnes à arrêter de fumer, mais ils fonctionnent toujours mieux que l’absence de médicament/vape ou un placebo (8, 9 et 9 personnes pour 100, respectivement).
La nortriptyline semble entraîner le plus faible nombre de personnes à arrêter de fumer ; pour 100 personnes qui utilisent la nortriptyline, 6 à 11 sont susceptibles d’arrêter.
Conclusions
Cette dernière étude Cochrane apporte la preuve de l’efficacité de la vape dans le sevrage tabagique, et devrait être prise en compte par nos autorités de santé, le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) en particulier, pour le recommander à nouveau aux professionnels de santé.
A la date d’aujourd’hui, la varénicline n’est plus disponible en France et elle est génériquable.
Quant à la cytisine, il faudrait prendre exemple sur nos voisins espagnols qui l’expérimentent depuis quelques mois. Dans un article publié sur LinkedIn, j’expliquais il y a déjà 4 ans que le prix de revient de cette molécule n’était pas intéressant pour l’industrie pharmaceutique !
L’association de patchs et formes orales (TSN) est à privilégier bien-sûr. En savoir plus sur notre espace « Traitement pour le tabac »
1 – Observatoire Territorial des Conduites à Risques de l’Adolescent (MSH-UGA)
2 – 7ème Centre Médical des Armées (76ème Antenne médicale de Varces)
3 – Institut Rhône Alpes Auvergne de Tabacologie (Lyon)
Références bibliographiques
1 World Health Organization. Tobacco. www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/tobacco (accessed 19 August 2021).
2 ASH. Health inequalities and smoking. ash.org.uk/wp-content/uploads/2019/09/ASH-Briefing_Health-Inequalities.pdf (accessed 19 August 2021).
3 Pirie K, Peto R, Reeves GK, Green J et al. The 21st century hazards of smoking and benefits of stopping: a prospective study of one million women in the UK. Lancet 2013;381(9861):133-41.
4 Royal College of Physicians (RCP). Hiding in Plain Sight: Treating Tobacco Dependency in the NHS. London: RCP, 2018.
5 Hoogendoorn M, Feenstra TL, Hoogenveen RT, Rutten-van Mölken MP. Long-term effectiveness and cost-effectiveness of smoking cessation interventions in patients with COPD. Thorax 2010;65(8):711-8.
6 National Institute for Health and Care Excellence (NICE). Tobacco: preventing uptake, promoting quitting and treating dependence. NICE guideline [NG209]; 30 November 2021. Available at www.nice.org.uk/guidance/ng2092021.
7 Chaiton M, Diemert L, Cohen JE, Bondy SJ et al. Estimating the number of quit attempts it takes to quit smoking successfully in a longitudinal cohort of smokers. BMJ Open 2016;6(6):e011045.
8 Raupach T, Brown J, Herbec A, Brose L et al. A systematic review of studies assessing the association between adherence to smoking cessation medication and treatment success. Addiction 2014;109(1):35-43.