Plan National de Mobilisation contre les addictions 2018 - 2022 : on attend la mobilisation nationale !

Ce plan fait une bonne analyse du contexte et des causes et décide de porter une priorité sur les enfants et les adolescents.  A ce titre, il rappelle les fortes incitations à la consommation par l'environnement : l'exposition à la publicité, l'accessibilité des produits, l'initiation dans le cercle familial et la captation de l'attention sur les écrans. 

Toutes les addictions

Le Plan National de Mobilisation contre les Addictions est apparu dans la presse de façon fragmentaire à la suite d’une fuite. Cela est tout à fait regrettable car une présentation par le premier ministre et les ministres aurait traduit et mieux entraîné la mobilisation nationale attendue. Mais cette fuite symbolise l’ambivalence du gouvernement, le plan a été annoncé à plusieurs reprises en 2018 mais à chaque fois repoussé. On espère donc que le gouvernement et la Mildeca reprendront une parole forte sur ce qui devrait être une priorité nationale.

Ce plan fait une analyse claire du contexte et des causes et décide , à juste titre, de porter une priorité sur les enfants et les adolescents.
A ce titre, il rappelle les fortes incitations à la consommation par l’environnement : l’exposition à la publicité, l’accessibilité des produits, l’initiation dans le cercle familial et la captation de l’attention sur les écrans.

Il définit 6 grands axes, 19 priorités et plus de 200 mesures; nous vous conseillons de consulter le dossier de presse qui synthétise le document officiel. (tous les deux accessibles en cliquant sur les liens).

Ce plan 2018-2022 s’articule autour de 6 grands défis :

  1. Protéger dès le plus jeune âge
  2. Mieux répondre aux conséquences des addictions pour les citoyens et la société
  3. Améliorer l’efficacité de la lutte contre le trafic
  4. Renforcer les connaissances et favoriser leur diffusion
  5. Renforcer la coopération internationale
  6. Créer les conditions de l’efficacité de l’action publique sur l’ensemble du territoire

Nous voulons présenter quelques-un des éléments positifs  : la création d’un Fonds de lutte contre les addictions, le renforcement du rôle des parents et le développement des compétences psychosociales, l’implication du service sanitaire des étudiants en santé dans la prévention.

Nous voulons aussi insister sur 3 mesures qui devraient avoir une réelle efficacité et participer à changer les représentations :
– L’incitation des entreprises à s’engager dans des démarches de lutte contre les conduites addictives en milieu de travail;
– La construction de parcours de santé impliquant et formant les acteurs de 1er recours sans se limiter à la filière spécifique addictologie;
– L’accompagnement de la fête dans un esprit de prévention en travaillant avec les collectivités et en adaptant la législation sur l’ivresse publique et manifeste.

Ce plan est donc bien construit et cohérent.  Il reste toutefois, à notre avis, nettement insuffisant dans le domaine de la prévention des dommages liés à l’alcool. Il y a un consensus international pour dire qu’il doit y avoir trois axes dans une politique alcool : le prix minimum  de l’alcool,  le contrôle et la diminution de la publicité et du marketing et le contrôle de l’accessibilité.  Comme prévu hélas, et déjà dénoncé, il n’y a pas d’augmentation du prix minimum (meilleure façon de limiter la consommation des jeunes et les consommations excessives), il n’y a pas de contrôle et de taxation de la publicité  qui aurait limité la consommation, et donc ses dommages, tout en ne portant pas sur les consommateurs. Et ce, malgré une analyse juste du contexte -cf ci-dessus. En revanche, il est prévu de faire respecter l’interdiction de consommation chez les mineurs et l’actualisation de la législation sur l’ivresse. Il reste à voir comment ces mesures se mettront en place.

Michel Reynaud

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