Un premier baromètre des données d’usage des médicaments de substitution aux opioïdes (MSO) en France

Le Centre d’addictovigilance d’Auvergne (service de pharmacologie médicale du CHU de Clermont-Ferrand et l’équipe Inserm 1107) publie un baromètre descriptif des usagers bénéficiant de délivrances de médicaments de substitution aux opioïdes (MSO) en France.

Opiacés

Ce premier baromètre est élaboré à partir des données 2015 de remboursement de la de la caisse nationale d’assurance maladie CNAM-TS (SNIIRAM : Système national d’information inter-régimes de l’Assurance maladie) et des données nationales d’hospitalisation (PMSI : programme de médicalisation des systèmes d’information).

169 265 patients ont bénéficié d’au moins un remboursement d’un MSO en 2015 dont 30,2 à 35,3% en traitement continu sur l’année et 11,4 à 14,7% en instauration (ou 1ère délivrance en ville). Ces données ne prennent pas en compte les patients dont le MSO est délivré par un centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) ou un service hospitalier d’addictologie. La buprénorphine, et particulièrement le Subutex® (53,5%), reste le traitement majoritaire avec 65,9% des patients substitués en médecine de ville.

Ce baromètre 2015 met en évidence chez ces patients substitués, comparé à une population de référence non dépendante, une plus grande précarité, une fréquence élevée des comorbidités psychiatriques sévères (11,8 à 14,7%) et infectieuses (5,2 à 6,1% d’affections longue durée pour l’hépatite C). Il pointe aussi des prescriptions de médicaments psychotropes significativement plus élevées et plus particulièrement pour les anxiolytiques cinq fois plus fréquents (48,5%) qu’en population générale.

L’analyse des données d’hospitalisation permet d’identifier l’alcool comme première cause (>8% des hospitalisations), largement devant les intoxications aux benzodiazépines et les complications infectieuses.

Enfin, la déclinaison de ce baromètre à l’échelle des départements met en exergue de possibles différences d’accessibilité aux MSO ainsi qu’une prévalence des hospitalisations pour overdose et des décès (toutes causes) non uniformément répartis sur le territoire. Ces derniers éléments peuvent servir à des réflexions régionales en partenariat avec les ARS pour améliorer la prise en charge des usagers dépendants aux opioïdes et lutter notamment contre les overdoses aux opioïdes.

La publication annuelle d’un baromètre de suivi des patients dépendants aux opioïdes et substitués par buprénorphine ou méthadone participe à l’étude de l’accessibilité à ces médicaments, à la description de la population concernée et des complications associées, et à la promotion de leur bon usage et de leur pharmacosurveillance.