La revue de presse des addictions comportementales #46

Autres addictions comportementales

La pornographie et l’addiction au sexe chez les jeunes

21/11/2022

Hélène Donnadieu-Rigole, médecin addictologue au CHU Montpellier est intervenue lors de la journée organisée par le Criavs (Centre ressource pour les intervenants auprès des auteurs de violences sexuelles) du Languedoc-Roussillon : « sexualité et adolescence ».

Son exposé est disponible en podcast. Il y est question de la définition des images pornographiques, des modalités d’exposition, de la réception de ces images par les jeunes, du rapport à la sexualité, des facteurs de risques/protection, des conséquences de visionnages.

L’exposition aux images pornographiques peut être voulue ou subie. Via Internet, elle est massive et cela peut être compliqué sur le plan de la gestion des émotions et du mauvais contrôle des pulsions, en particulier chez les jeunes quand on sait que la maturation du cerveau a lieu vers 25 ans.

Peu d’études ont été faites sur le rapport des adolescents avec la sexualité. On sait que 80 % des garçons de 14 ans ont visionné de la pornographie contre 45 % des filles.

Hélène Donnadieu-Rigole pose la question d’une addiction aux usages problématiques des écrans qui peut comporter un usage compulsif d’images pornographiques.

Lorsque l’on reçoit un adolescent, il faut se poser la question – comme pour une addiction classique – pour quelle raison il consomme, quelle place le visionnage d’images pornographiques prend dans sa vie ? Y-a-t-il envahissement ? Ressent-il une envie irrépressible d’en consommer ?

La dernière partie de l’intervention porte sur le dépistage et la prise en charge des personnes addictes. Les soins psychothérapeutiques fonctionnent, en particulier les thérapies cognitivo-comportementales, le travail sur l’estime de soi et l’affirmation de soi.

https://www.youtube.com/watch?v=qhDT4IOkF7U

 

Reprendre le contrôle sur l’anorexie

20/11/2022

Cet article paru sur le site de Radio Canada montre les limites de la prise en charge de personnes anorexiques. Le témoignage d’une athlète illustre le « parcours du combattant » d’une anorexique qui même hospitalisée à plusieurs reprises, et avec un suivi psychothérapeutique n’est pas « sortie » de ses troubles alimentaires.

Leora Pinhas, psychiatre spécialisée en troubles alimentaires à Toronto explique que « ces patients comprennent pourquoi ils doivent reprendre du poids et manger mais lorsqu’ils tentent de changer quelque chose, ils sont submergés par l’anxiété ».

Le chercheur en neurosciences Salah El Mestikawy, de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, à Montréal s’est rendu compte qu’en augmentant le taux de dopamine dans certaines zones du cerveau, cela permettait une « reprise de contrôle » sur un comportement.

L’article détaille ces recherches pharmacologiques avec l’espérance et la mise au point d’une nouvelle molécule avec le moins d’effets secondaires possibles.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1933826/medicament-anorexie-troubles-alimentaires-acetylcholine-donepezil-aricept-douglas

 

« Posons nos smartphones » : le défi d’une heure d’écran en moins par jour

19/11/2022

Un médecin brestois, le Dr Yannick Guillodo, entouré de quelques sportifs a lancé un nouveau Défi brestois du 21 au 27 novembre 2022 : « Posons nos smartphones ». L’article du Télégramme explique la démarche. Le médecin, « en croisade contre la sédentarité », a voulu alerter par cette opération sur le fait que « la sédentarité est aujourd’hui la quatrième cause de mortalité et tue plus que le tabac ».  Ce qui inquiète le médecin c’est que les Français et en particulier les jeunes, pratiquent moins d’activités physiques, grignotent davantage devant les écrans et passent moins de temps à dormir. Le temps d’écran a augmenté pour occuper, aujourd’hui, 60 % de notre temps libre.

Et ce phénomène se développe très vite.

Mais une étude allemande montre que les trois piliers de la santé : l’activité physique, l’alimentation et le sommeil s’améliorent en réduisant d’une heure sa consommation d’écran.

https://www.letelegramme.fr/france/posons-nos-smartphones-le-defi-d-une-heure-d-ecran-en-moins-par-jour-19-11-2022-13223431.php

 

Modernité et enjeux psychiques d’une clinique addictive. Illustration d’une forme de mal ordinaire

18/11/2022

Cet article paru dans « Annales médico-psychologiques » présente la vignette clinique d’un patient de 51 ans avec une addiction à la pornographie depuis ses 14 ans avec des épisodes de craving quotidiens, des pulsions concomitantes la plupart du temps lors du visionnage de films à caractère pornographique. Depuis ces trente ans d’évolution de ses troubles addictifs, il n’a pu se sevrer que trois semaines. Il présente également des troubles du comportement alimentaire depuis l’adolescence sous la forme de crises d’hyperphagie quotidiennes.

La question de l’image de son corps a toujours fait problème. Il peut pratiquer jusqu’à plus de 15 heures de sport par semaine. La seule activité qui lui plaît et pendant laquelle, il accepte son corps est le rugby.

« L’enjeu de la prise en charge sera de ne pas réduire le sujet à son addiction mais de se consacrer à le soutenir dans son interrogation quant à ce que recouvre ce comportement. Il est nécessaire de prendre acte de la conduite addictive comme un symptôme à part entière, soit quelque chose représentant le sujet, mais dont la fonction reste en suspens. La possibilité de faire tiers a été permise ici à travers le soin mis en place pour notre patient, lequel a montré une extrême sensibilité à l’attention qui lui était portée. Il a alors eu l’opportunité de se décaler progressivement de l’emprise maternelle ».

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S000344872200350X

 

L’addiction aux paris sportifs

18/11/2022

Géraldine Mayr et le Dr Jimmy Mohamed de France Bleu ont reçu le Pr Amine Ben Yamina, psychiatre, addictologue à l’hôpital Paul Brousse à Villejuif (94) pour aborder la question des paris sportifs qui peut entraîner certaines personnes à dépenser des fortunes.

Le joueur excessif va avoir le jeu en tête constamment avec l’idée que quand il perd, il pourra toujours se refaire. L’addiction aux jeux d’argent peut aussi se conjuguer avec des actes délictueux pour se procurer de l’argent.

Le Pr Benyamina s’insurge contre les opérateurs qui ciblent les personnes les plus vulnérables, comme les jeunes, avec un marketing agressif, des messages publicitaires omniprésents… et un mensonge institutionnalisé et absolu consistant à faire croire qu’on peut gagner face à eux alors que ce sont eux qui s’enrichissent.

Parfois ce sont les pairs qui influencent via les réseaux sociaux.

Le médecin addictologue voudrait que la loi Even qui a encadré la publicité pour l’alcool, le fasse aussi pour les jeux. Il faut limiter le plus possible les dommages liés aux jeux en particulier les pertes financières de personnes qui n’auront jamais les fonds pour rembourser leurs dettes.

Et comme pour les addictions comportementales, il n’existe pas de traitement pharmacologiques. Selon lui, il est important de travailler en amont pour ne pas créer de craving (envie irrépressible).