Les réseaux sociaux mènent-ils à la dépression?

LA SCIENCE DANS SES MOTS / (NDLR : une étude parue vendredi dans la revue médicale «EClinicalMedicine» a trouvé que les symptômes dépressifs chez les ados semblent augmenter avec le temps passé sur les réseaux sociaux. Par rapport aux jeunes qui y passent entre 1 et 3 heures par jour, ceux qui y consacrent plus de 5 heures par jour montrent de 35 % (garçons) à 50 % (filles) plus de symptômes dépressifs, d’après un échantillon de près de 11 000 ados de 14 ans. Le chercheur Andrew Przybylski, de l’Institut de recherche sur Internet de l’Université Oxford, y réagit dans ce texte.)

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«Dans cette étude, les auteurs utilisent les données de la Millennial Cohort Study pour analyser les liens entre le temps auto-rapporté d’utilisation des médias sociaux et toute une série d’indicateurs de bien-être psychologique et de comportement. L’étude a plusieurs forces notables, notamment l’usage de données auto-rapportées de bonne qualité, un bon contrôle des variables et un ton relativement modéré pour ce champ de recherche, souvent marqué par des manchettes fracassantes. Cependant, l’article va bien plus loin que ce que disent les données et émet des recommandations pour d’éventuelles politiques sur la seule base de corrélations. D’abord et avant tout, ces données sont entièrement basées sur des auto-évaluations. Compte tenu de la grande taille de l’échantillon, on s’attend à ce que presque toutes les variables montrent des liens modérés entre elles (ce qu’elles font bel et bien dans ce papier). On doit féliciter les auteurs d’avoir souligner cette limitation dans leurs données, car peu le font. Cela dit, les résultats de plusieurs autres études comme celle du NHS Digital suggèrent qu’un fort usage des médias sociaux est plus une conséquence, et non une cause, d’un mal-être psychologique. C’est une explication beaucoup plus simple pour la corrélation observée : le temps passé sur les médias sociaux est un symptôme. Mais les auteurs ne la considèrent pas sérieusement.

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