“Noyée dans l’alcool“ Un récit de Virginie Hamonnais

Alcool

Le récit de Virginie Hamonnais, publié aux Editions Max Millo, ne sort pas des sentiers battus. Comme d’autres avant elle, elle raconte son addiction à l’alcool. La jeune femme se concentre sur une période de vie de cinq ans où l’alcool était plus que présent, inondait sa vie et impactait bien plus que son organisme. Le produit a noyé sa relation avec son entourage proche et surtout celle avec son fils désormais adolescent, et dont elle a perdu la garde… Le récit à la première personne de cette mère de famille essaie de rassembler tous les éléments qui l’ont conduite à se “réfugier“ dans une consommation quotidienne intensive. Elle ne se cherche pas d’excuses, mais veux juste se faire entendre…

L’alcool est entré dans sa vie par l’intermédiaire de Julio, un compagnon gros buveur rencontré en Corse en 1999, et qui lui donnera un fils, Thimeo, qui aura à peine un an au moment de la rupture. La jeune assistante de production ne supporte plus l’alcoolisation massive d’un ingénieur du son toujours à droite à à gauche mais qui, à son retour au bercail, met en péril la relation… Quelques années après la séparation Virginie apprend de la bouche de son fils de sept ans que sa demi-soeur Mellissa, jeune adolescente, l’a obligé à maintes reprise à lui faire des cunnilingus. Alors, pour protéger son fils, Virginie demande à la justice de condamner son ex-compagnon pour abandon de famille et non paiement de la pension alimentaire. L’objectif pour Virginie étant d’éloigner Julio de son fils, et son fils de sa demi-soeur Melissa… Elle tente de faire reconnaître le statut de victime de Thimeo, mais fait feu de tout bois pour répondre aux menaces de sa belle famille prête à tout pour protéger Melissa. Elle accomplit toutes les démarches administratives et judiciaires, soutient psychologiquement son fils, prend les renseignements auprès d’associations de victimes, etc… Mais Virginie n’en peut plus, et n’arrive plus à gérer psychologiquement tout ce qui lui arrive. Elle achète un soir une bouteille de vodka. Dès les premières gorgées, elle apprécie le soulagement que lui procure l’alcool. Tout le poids d’un combat particulièrement âpre disparaît comme par enchantement, le temps des effets bien entendu… Malheureusement, un verre finit par en amener un autre, qui finit par en amener un suivant, et ainsi de suite. La jeune femme a besoin d’anesthésie de toutes ces douleurs et émotions qui la submergent et l’empêchent de tenir debout. L’alcool présenté ici comme le meilleur anxiolytique, en vente libre regrette-t-elle. Boire pour se donner la force de supporter ce qui lui arrivait et surtout ce qu’avait subi son petit garçon… 

La consommation d’alcool de la jeune femme s’intensifie, devient quotidienne et ne se limite pas à un seul moment dans la journée. La bouteille de vodka bue dans son intégralité chaque soir, s’invite naturellement au petit-déjeuner, et assez rapidement, dans le parcours addictif de Virginie. La journée est rythmée par l’usage de son alcool blanc, une consommation compulsive de tabac, des heures de sommeil qui s’accumulent et des tentatives de moins en moins victorieuses de tenir debout… L’alcool est devenu une priorité. Virginie ne se rend pas tout de suite compte qu’en voulant protéger son fils de l’alcoolisme de son père, elle lui imposera involontairement celui de sa mère. Elle ne sera pourtant pas de mauvaise volonté quand il s’agira d’essayer de se sevrer, mais les expériences qui se suivront se solderont toutes par un échec… Son fils Thimeo sera placé par l’ASE (Assistance Sociale à l’Enfance) dans une famille d’accueil entre septembre 2015 et mai 2017. En décembre il bénéficiera d’une mesure d’AEMO (Action Éducative en Milieu Ouvert) chez ses grands-parents maternels.

Un homme, Clément, accompagnera la jeune femme pendant tout le reste de son parcours avec patience et abnégation. Une rencontre avec un addictologue de l’ANPAA l’aidera beaucoup visiblement… Enfin, un matin, suite à la vente d’un camping-car qui symbolisait ses pires années de galère, une sensation forte d’étourdissements dus à des résurgences de tout son parcours alcoolique avec toutes les images, sensations et événements négatifs qui y sont associés, la détourne totalement et définitivement du produit qui devient diabolique. Depuis ce jour du 18 novembre 2018, Virginie Hamonnais n’a plus touché une goutte d’alcool… La jeune femme est arrivée au bout du bout de son parcours alcoolique. Elle espère que son entourage proche, et surtout son fils, lui pardonneront un jour. A quarante ans, son combat, comme elle dit, est de retrouver sa place de maman. Poser ce récit sur la feuille blanche était pour elle une nécessité. Elle espère qu’il sera utile à d’autres et qu’il éveillera les consciences sur cette problématique, avec le regret qu’elle a que les moyens ne soient pas à disposition en temps et en heure quand le sevrage devient une urgence sanitaire…

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