Certaines données récentes de la littérature ont proposé un modèle psychopathologique spécifique des troubles liés à l’usage de substance (Maremmani et al, 2017). En explorant les différents champs symptomatiques, ils ont retrouvé chez des patients dépendants à l’héroïne, un groupe de 5 dimensions psychopathologiques/psychiatriques caractéristiques : “worthlessness and being trapped” (Dévalorisation et sentiment d’être pris au piège); “somatic symptoms” (symptômes somatiques) ; “sensitivity-psychoticism” (Sensibilité et psychoticisme) ; “panic anxiety” (Anxiété) ; et “violence-suicide” (Agressivité et suicide). Ces facteurs ont permis dans leur étude de distinguer les patients atteints d’un trouble de l’usage d’héroïne de ceux souffrant d’une pathologie psychiatrique, en particulier la dépression.
L’obésité n’est pas considérée comme un trouble mental dans la cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique (DSM-5), mais il existe un certain nombre de lien entre obésité et pathologie psychiatrique. La toxicomanie et l’obésité semblent également présenter plusieurs caractéristiques communes. Les deux peuvent en effet être définies comme des troubles dans lesquels l’importance attribuée à un type particulier de stimuli, alimentation ou substance, devient disproportionnée par rapport aux autres types de récompenses. Ces deux stimuli ont un effet de renforcement puissant qui est en partie médié par l’augmentation rapide de la Dopamine dans les centres de la récompense. Des analyses ont d’ailleurs montré qu’ils existaient des similitudes sur le plan anatomique et fonctionnel entre obésité et addiction.
Pour évaluer la validité et la solidité de leur approche dimensionnelle de la psychopathologie des addictions, les auteurs ont donc comparé sur le plan symptomatique des patients souffrant d’obésité et sans pathologie mentale, à des patients présentant un trouble de l’usage d’héroïne.
Les 5 facteurs psychopathologiques précédemment évoqués ont bien permis de discriminer les patients avec une obésité des patients présentant un trouble d’usage d’héroïne. Cependant, un pourcentage significatif de patient souffrant d’obésité présentait les mêmes dimensions que les sujet addicts, ce qui suggère qu’il pourrait y avoir un certain chevauchement psychopathologique entre ces deux entités. Cela pourrait potentiellement s’expliquer d’après eux par l’existence au sein de l’échantillon des sujets souffrant d’obésité, de patient présentant une dépendance alimentaire, entité récente et encore controversée dans la littérature. Cela pose en tout cas la question du dépistage des addictions dans les populations de patient souffrant d’obésité pour pouvoir le cas échéant les prendre en charge de manière globale et optimale.