Pourquoi les patients arrêtent la buprénorphine à effet retard ?

Opiacés

La buprénorphine à action prolongée (BAP) est un outil récent parmi les traitements utilisés pour traiter le trouble de l’usage des opioïdes. En pratique, il s’agit de deux types de formes sous-cutanées (BUVIDAL® et SUBLOCADE®) et d’une forme implant[1]. Les formes dépôts commencent à se répandre dans de nombreux pays, notamment la France, même si les formes à action prolongée posent des problèmes de coût élevé.

Malgré des résultats scientifiques probants et des premiers retours intéressants, il y a eu peu de recherches qui se concentrent sur l’expérience vécue des personnes recevant un traitement à la BAP et les raisons pour lesquelles certains décident d’arrêter. Le but de cette étude australienne parue dans la revue International Journal of Drug Policy était d’explorer ce que c’est que de recevoir de la BAP et de comprendre les motivations qui poussent les patients à arrêter.

Les auteurs australiens ont utilisé des entretiens ouverts et semi-structurés, menés entre novembre 2021 et janvier 2022 avec des personnes qui recevaient actuellement de la buprénorphine retard ou qui avaient arrêté ou étaient en train de l’arrêter. 40 participants (26 hommes, 13 femmes, 1 non divulgué ; âge moyen 42 ans) ont été interrogés sur leur expérience avec la buprénorphine retard. Au moment de l’entretien, 21 en recevaient actuellement et 19 avaient arrêté ce traitement ou étaient en train de l’arrêter.

Les participants ont cité 4 raisons principales pour lesquelles ils ont décidé d’arrêter la buprénorphine à effet retard :

1) se sentir obligé de suivre le programme,
2) éprouver des effets secondaires négatifs,
3) trouver le traitement inefficace,
4) vouloir arrêter la buprénorphine à effet retard/TAO pour utiliser à nouveau des opioïdes ou se sentir « guéri » et ne plus avoir besoin de TAO.

Ils ont finalement discuté de questions liées aux relations de pouvoir clinicien-patient, à l’autonomie corporelle et à la recherche du bien-être.

En conclusion, la buprénorphine à action prolongée reste un traitement prometteur pour les troubles de l’usage d’opioïde, et offre un réel potentiel pour améliorer l’observance du traitement. Mais les cas de choix restreint de TAO et les préoccupations des usagers de ne pas prendre suffisamment part aux décisions les concernant doivent être abordées afin d’améliorer les relations soignants-soignés.

Les cliniciens et autres travailleurs de la santé dans ce domaine ont également besoin d’un meilleur accès aux informations sur la buprénorphine retard pour mieux répondre aux problèmes auxquels les patients sont confrontés pendant le traitement.

Lien vers l’article originel : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0955395923000518

Par Benjamin Rolland

[1] Pour plus d’informations, n’hésitez-pas à aller consulter une revue en français sur le sujet : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0040595720300986

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