La situation que la mère me décrit est à la fois semblable à celle de nombreux parents d’adolescents et à chaque fois différente, unique, touchante, aussi. « Il travaille moins à l’école me dit-elle, on ne se parle plus à la maison, il reste dans sa chambre, on doit se battre pour les horaires, l’appeler dix fois de suite et attendre, toujours l’attendre. Il a l’air de ne penser qu’à ça. Désormais, il ment et il a même séché le tennis, tout ça pour pouvoir jouer, et quand on l’arrête, il se met dans des états pas possibles, on dirait qu’il est en manque. C’est une vraie « addiction » dit-elle pour conclure, justifiant ainsi le fait de venir voir un spécialiste. Je demande au garçon ce qu’il en pense. Tête baissée, il répond « peut-être, je ne sais pas ».
Pour le grand public, l’addiction aux jeux vidéo et à Internet ne fait aucun doute. Elle est incarnée par la figure du jeune, reclus dans sa chambre sur son ordinateur, le no-life comme on dit, qui refuse de voir du monde et de bouger, – de socialiser et de s’auto-activer dirait Alain Ehrenberg. Ces situations bien que rares existent malheureusement, et c’est une grande partie de ma clinique depuis une dizaine d’années.
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