S’aimer mieux pour guérir mieux dans l’anorexie ? Une méta-analyse parue dans The International Journal of Eating Disorders.

L’estime de soi est parfois altérée dans l’anorexie mentale. Il s’agit pourtant d’un facteur important, souvent décrit comme central dans la rémission de l’anorexie.

Autres addictions comportementales

L’anorexie mentale est un trouble du comportement alimentaire qui se manifeste par une restriction des apports alimentaires associée à une peur intense d’une prise de poids, avec une vision erronée de la forme du corps. Cette maladie connue depuis des siècles entraine des complications cliniques graves pouvant aller jusqu’au décès. Elle est plus fréquente chez les femmes et les adolescents et est une cause de souffrance majeure aussi bien chez les patients que chez l’entourage. La prise en charge médicale est le plus souvent pluridisciplinaire, et une hospitalisation est parfois nécessaire. Cependant, les taux de rechute de cette maladie 1 an après une prise en charge adaptée sont élevés, allant de 20 à 40%, avec une rupture de suivi pour 20 à 50% des patients.

 

L’estime de soi est parfois altérée dans l’anorexie mentale. Il s’agit pourtant d’un facteur important, souvent décrit comme central dans la rémission de l’anorexie. L’estime de soi comporte plusieurs dimensions, et notamment le sentiment de valeur propre perçu, l’efficacité personnelle perçue, ainsi que le respect de soi et la confiance en soi. Dans cette méta-analyse parue dans The International Journal of Eating Disorders, qui est le journal scientifique international le plus prestigieux en matière de troubles du comportement alimentaire, les chercheurs ont compilé plusieurs articles de 1990 à 2017 (68 publications) pour étudier le rôle de l’estime de soi dans l’anorexie, à la fois en la comparant avec des personnes ne souffrant pas de ce trouble, et en évaluant l’impact de cette dimension sur les soins (rémission, rechute, arrêt des soins).

 

Les résultats montrent que les personnes souffrant d’anorexie mentale ont une estime d’elles-mêmes bien plus basse que les personnes sans anorexie pour certains domaines, notamment en ce qui concerne l’apparence physique, et que la prise en charge médicale peut améliorer l’estime de soi, ce qui entraine dans ce cas un taux de rémission à un an plus élevé. S’aimer, se respecter, se sentir avoir de la valeur, ce sont donc des composantes importantes à prendre en compte et à développer pour les patients, avec l’aide des soignants et de l’entourage, afin de se donner une chance de plus de laisser la maladie derrière soi.

 

Ces résultats sont intéressants, et bien des thérapeutes des addictions, psychologues en tête, souligneront que, bien au-delà des troubles du comportement alimentaire, leur rôle central est souvent de permettre une meilleure estime de soi, et une réappropriation de sa vie par le sujet. Beaucoup d’approches psychothérapeutiques visent cet objectif, souvent formulé de manière variable, mais toujours au cœur du processus de changement engagé par la démarche du patient.

 

Par      Julia d’Aviau de Ternay
Interne en psychiatrie à Lyon

 

&         Benjamin Rolland

MCU-PH, Responsable de Service

Service Universitaire d’Addictologie de Lyon (SUAL)

Illustration de Al Margen

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