Utilisateurs et non utilisateurs des applications de rencontres

Autres addictions comportementales

Du fait de l’ampleur prise par les applications de rencontres, comme les très connues Tinder, Grinder ou Meetic, un intérêt scientifique grandissant porte sur les caractéristiques de leurs utilisateurs. Ainsi des travaux se focalisent sur l’association entre utiliser des applications de rencontres et présenter des difficultés psychologiques, certains traits de personnalité ou certains comportements sexuels.

En juin 2022, une équipe de chercheurs italiens a publié une nouvelle étude sur le sujet en questionnant notamment la relation avec l’hypersexualité. Celle-ci se caractérise par une activité sexuelle excessive, des obsessions sexuelles, des conduites compulsives et d’autres aspects comportementaux rappelant les troubles addictifs.

Plus précisément, les comportements hypersexuels sont classés en trois grands facteurs : coping, contrôle et conséquences. Le facteur coping comprend les comportements sexualisés qui font office de réponse à une détresse émotionnelle (tristesse, inquiétudes…). Le facteur contrôle inclut les tentatives échouées pour contrôler ses comportements sexualisés. Enfin, le dernier facteur explore les conséquences négatives des pensées et comportements sexualisés, telles qu’une interférence avec des obligations du quotidien. Comparés aux autres participants, ceux qui fréquentent les applis de rencontres présentent des seuils plus élevés de comportements hypersexuels, et ce quel que soit les facteurs explorés.

Dans l’échantillon de 1000 internautes recrutés par les chercheurs, près de 12% étaient utilisateurs de ces applications. Ils étaient significativement plus jeunes que les autres participants alors qu’aucune différence en termes de genre, de statut relationnel (i.e., célibataire ou en couple) ou de niveau d’éducation n’a été observée.

Logiquement, les utilisateurs des applis de rencontres ont une tendance plus élevée que les autres participants à s’engager dans des relations sexuelles avec un partenaire occasionnel. Entre les deux groupes, il n’y a pas de différence concernant la méthode de contraception utilisée, plus fréquemment le préservatif (63% pour les utilisateurs d’applis de rencontres et 45,2% pour les non utilisateurs). Néanmoins, les participants qui vont sur les applis de rencontres n’utilisent aucun moyen de contraception dans plus de 20% des cas (près de 27% chez les non-utilisateurs), suggérant tout de même une certaine prise de risque.

Cette recherche vient également mettre en lumière la relation entre utilisation des applications, hypersexualité et dépression. Les utilisateurs d’applications ont significativement plus de symptômes dépressifs que les autres, ce qui s’ajoute au lien robuste observé entre symptômes dépressifs et hypersexuels dans le groupe d’utilisateurs.

Similairement à ce qui a été observé pour d’autres comportements liés à l’utilisation des écrans, les auteurs de l’étude émettent l’hypothèse que les personnes présentant dépression et/ou hypersexualité pourraient avoir recours aux applis de rencontre justement pour tenter d’y faire face. Ceci suppose alors une inscription dans un cercle vicieux où l’utilisation des applications de rencontres, poussée par un certain mal-être et/ou une recherche de satisfactions, pourrait entraîner une augmentation des difficultés.

Par Stéphanie Laconi

Source : Hypersexual Behavior and Depression Symptoms among Dating App Users.

Retrouvé sur : https://doi.org/10.3390/sexes3020023