Augmentation de la prévalence de l’addiction à Internet

Autres addictions comportementales

L’addiction à Internet est généralement définie comme un usage inadapté de ce dernier, incluant un manque de contrôle et des conséquences négatives dans la vie de l’utilisateur. Devenue un sujet de santé publique, le nombre de recherches scientifiques a considérablement augmenté au cours des deux dernières décennies.

Comme pour le billet sur l’Internet Gaming Disorder  il apparaît pertinent de s’intéresser aux revues systématiques et méta-analyses, qui permettent d’observer la redondance et la consistance de résultats obtenus. Evidemment, ces contributions scientifiques ont des critères d’inclusion spécifiques, et de très nombreuses études sont alors exclues.

En 2022 est publiée une revue et méta-analyse sur l’addiction à Internet chez les jeunes adultes. Les critères d’inclusion comprennent notamment une catégorie d’âge (entre 18 et 40 ans) et des méthodologies expérimentales et quantitatives. De plus, seules les recherches publiées en anglais, entre 2017 et 2020 et dans les revues scientifiques les mieux cotées ont été considérées.

Un ensemble de 30 travaux issus d’Europe (70%), d’Asie (21%), d’Amérique (8%) et d’Océanie (1%) a été regroupé. L’échantillon total était composé de plus de 21000 individus, âgés en moyenne de 23,5 ans. C’est en Hongrie que la prévalence d’addiction à Internet est la plus élevée et en Nouvelle-Zélande qu’elle est la plus faible. Plus globalement, les participants australiens et néo-zélandais présentaient des seuils significativement plus faibles que ceux d’Europe et d’Asie.

La revue systématique de la littérature révèle que l’addiction à internet est modérée par plusieurs variables, et principalement par le sexe, l’âge et la zone géographique. Cette utilisation problématique est par ailleurs corrélée à plusieurs conditions psychologiques, comme les problèmes interpersonnels, les symptômes anxio-dépressifs, le stress, la qualité de vie et de nombreux traits de personnalité (e.g., instabilité émotionnelle, inflexibilité psychologique, évitement des expériences, faible estime de soi, recherche de solitude, propension à l’ennui, procrastination et peur de rater quelque chose (Fear of Missing Out – FOMO)). Non seulement, l’addiction à Internet est associée à plus de problèmes de santé mentale mais également à une plus grande sévérité de symptômes. Il est connu, depuis plusieurs années, qu’Internet et ses différentes applications sont parfois utiliser pour tenter d’échapper aux difficultés de la vie quotidienne, à des états émotionnels négatifs, à un sentiment de solitude, …

En conclusion les auteurs prévoient une augmentation de la prévalence de l’addiction à Internet auprès des nouvelles générations en mettant en avant l’influence de plusieurs facteurs dont une augmentation de l’individualisme ainsi que de plus faibles niveaux de sociabilité et d’enculturation. Ce dernier phénomène correspond au processus de transmission de la culture d’un groupe à un enfant dès sa naissance (normes, valeurs et autres éléments culturels) et peut-être mis en parallèle, entre autres, avec les bas niveaux d’estime de soi liés à l’addiction à Internet, soit la difficulté à répondre à la question « qui suis-je ? ».

Source : Internet addiction in young adults : A meta-analysis and systematic review.

Par Stéphane Laconi

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