Dans la revue International journal of eating disorders de septembre dernier, des chercheurs du Connecticut, conduit par le Dr Galbraith ont étudié l’influence du stéréotype pour des patients atteints de boulimie. Plus précisément, ils ont exploré l’impact de la perception du poids pour ces patients dans la prise en compte de leur santé mentale et des prises en charge possibles.
Pour cela, ils ont sollicité des participants tout venant (320 au total) via un questionnaire en ligne et ont proposé plusieurs vignettes cliniques. Ces vignettes décrivaient le cas d’une patiente (« Emily ») âgée de 21 ans, étudiante, qui avait les symptômes d’une boulimie nerveuse selon le DSM 5. Les données disponibles étaient : le poids, l’indice de masse corporelle, le rythme cardiaque, la température et la pression sanguine. Ces informations étaient fournies avec le score moyen en population générale. Au total, six vignettes étaient proposées, en variant le poids (en sous-poids, en poids normal, ou en surpoids), et la fréquence des comportements de binge-eating et de purge (journaliers ou une fois par semaine).
Les participants devaient ensuite compléter un questionnaire évaluant leur attitude envers le patient et la santé mentale (« MacArthur mental Health » module) et faire des recommandations sur différents types de traitement proposés en les notant comme « à faire », « à ne pas faire », ou « ne sais pas ».
Les auteurs ont pu noter que les participants considéraient la patiente comme souffrant d’une maladie psychiatrique importante quand la patiente est décrite comme étant en sous-poids. À l’inverse, en cas de patiente décrite en surpoids, les participants ne considéraient pas être face à une maladie psychiatrique. Dans cette idée, les participants attribuaient plus de causes personnelles (ex : Emily est responsable de sa situation) en cas de surpoids que de sous-poids. Ces éléments ne sont pas modifiés en fonction de la fréquence des symptômes.
Ainsi, cette étude met en avant le caractère culpabilisant que les patients peuvent ressentir à exposer leur problématique en cas de surpoids. Ces éléments correspondent au stéréotype dont sont également victimes les obèses.
Au vu de ces résultats, nous devons rester vigilants :
- À explorer systématiquement les critères de la boulimie en cas de patient en surpoids sans préjuger des raisons de ce surpoids.
- Ne pas oublier l’impact important de la société dans le sentiment de culpabilité que peuvent ressentir les patients.
Cette étude nous rappelle que comme beaucoup de patients ayant des problèmes de santé mentale, la stigmatisation dont souffrent les patients reste un frein important dans la prise en charge, mais participe également au sentiment de culpabilité qui est un des symptômes de la pathologie.
Références : Galbraith, K., Elmquist, J., White, M. A., Grilo, C. M., & Lydecker, J. A. (2019). Weighty decisions : How symptom severity and weight impact perceptions of bulimia nervosa. International Journal of Eating Disorders, 52(9), 1035‑1041.