À qui s’adresse votre livre qui s’appuie exclusivement sur la Pop culture ?
À vraiment tout le monde. Les addictions, aujourd’hui, c’est un phénomène extrêmement fréquent à propos duquel il y a beaucoup d’idées reçues. L’idée, c’est de les décrypter en utilisant des références à films, des séries et, plus largement, à la Pop Culture. Il s’adresse aux personnes directement concernées par l’addiction – c’est pour cela qu’il y des encarts pratiques – et à leur entourage parce que, bien souvent, justement, l’entourage a des idées reçues ou une mauvaise connaissance de l’addiction ; par exemple que c’est “juste une question de volonté” ; que “j’arrête quand je veux”, etc. Et, enfin, ce livre s’adresse à tout le monde parce que les addictions et les consommations de substances et des comportements concernent énormément de monde si l’on ajoute, bout à bout, alcool, cigarettes, écrans, etc. À la fin de chaque chapitre, chacun peut ainsi s’interroger par rapport à sa consommation.
Qu’est-ce qu’une addiction, aujourd’hui ? On voit apparaître les accros au sport, au sexe, aux écrans…
L’addiction est une maladie chronique caractérisée par l’usage de substances ou le recours à des comportements répétitifs dans lesquels la personne perd le contrôle. Quand on parle de nouvelles addictions au sens large, c’est qu’elles mutent, qu’elles accompagnent les mutations de la société. En Arabie Saoudite, c’est sûr qu’il n’a que très peu d’alcool. En revanche, il y a de l’addiction. Là bas, c’est plutôt la méta-amphétamine… Ce n’est pas ni mieux ni moins bien. Les formes d’addictions traduisent un mal-être qui vont se retrouver dans notre civilisation. Sur les écrans, c’est vraiment l’usage qui peut être problématique par les écrans eux-mêmes, comme le dit le psychiatre Serge Tisseron.
Et à propos de l’addiction au sexe et à la bigorexie…?
Elles ont un point en commun : c’est le mal-être qui en est à l’origine. Et le fait que cela repose aussi sur des injonctions sociales ; cela vient ensuite se traduire chez quelqu’un par ce qu’il perçoit comme une injonction, par exemple plus la personne sera mince plus elle sera heureuse dans sa vie ; ou, au contraire, sans une carapace de muscle énorme, elle ne vaudrait rien. Le mal-être est le dénominateur commun. D’où la difficulté de trouver une aide face à ces injonctions. Il y a des paroles de Beyoncé que je trouve assez justes sur ces standards de beauté inatteignables et pour lesquels des personnes vont s’enfermer dans des comportements toxiques.
Certaines addictions en remplacent-elles d’autres ? Elles s’ajoutent ou se remplacent ? Y a-t-il un effet cumulatif…?
Déjà, les produits de synthèse n’existaient pas il y a 20 ans. Et ils se sont donc ajoutés à la liste. D’autres produits comme l’alcool, dont les Français ne sont plus les premiers consommateurs mais 4e Avec 11,6 litres d’alcool pur par an et par habitant – derrière la Lettonie (12,6 l/an/hab), l’Autriche (12,2 l/an/hab) et la République tchèque (11,8 l/an/hab). Dans le livre, l’auteur dit même : “L’image d’Épinal du Français porté sur la bouteille, incarnée historiquement par des artistes comme Toulouse-Lautrec ou des poètes comme Charles Baudelaire, est-elle devenue obsolète ?” – En revanche, le phénomène du binge drinking s’intensifie. Nous assistons vraiment à une mutation.
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