Essai / “Pourquoi les jeunes boivent-ils“ Dr Jean-Pascal Assailly

Alcool

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Si cet essai, édité uniquement en format numérique, est sous-titré “Analyse des déterminants de l’alcoolisation“ c’est qu’il s’aventure au coeur des consommations d’alcool des jeunes par ce qui, en eux ou dans leur entourage proche ou moins proche, détermine l’entrée dans l’usage et sa poursuite occasionnelle ou régulière, plus ou moins abusive et addictive. Deux cents pages d’analyse, d’expertise qui ne laissent aucun élément de côté, pour les questionner et nous éclairer.

L’auteur nous donne d’abord à entendre les pensées et ressentis des jeunes à propos de l’alcool, leurs attentes concernant les effets positifs ou négatifs, leurs motivations à consommer, tous ces éléments divers et variés qui convergent vers un désir plus ou moins fort et affirmé de consommer, avec ou sans risque perçu (pour soi-même ou pour les autres), seul ou en groupe (en tenant compte de la perception des normes sociales), avec un contrôle plus ou moins grand sur sa propre consommation…

Il nous raconte aussi, grâce à une approche transdisciplinaire, comment cette consommation d’alcool chez les adolescents est au carrefour des histoires biologique et affective de chacun d’entre eux. Jean-Pascal Assailly nous explique “qu’au cœur de la convergence de ces deux histoires se trouve un lien symétrique aux sensations : la recherche de sensations et/ou la résistance aux effets des sensations“, puisqu’il s’agit bien de ça : une recherche de sensations intenses, “sensations qui remplacent les émotions quand celles-ci sont désactivées car sources trop importante d’anxiété et de dépression“. Les facteurs de protection et de vulnérabilité propres à l’adolescent entrent en jeu pour expliquer le processus d’alcoolisation et le niveau plus ou moins élevé des consommations. L’hérédité joue un rôle essentiel, mais ne conditionne en aucun cas un destin d’alcoolisation tout tracé. Les gènes transmis s’exprimeront plus ou moins au cours de la vie…

L’auteur nous rappelle enfin que l’environnement familial, le groupe des pairs, le quartier, la culture, les médias et la société constituent un ensemble de facteurs qui interagissent les uns avec les autres et constituent un réseau d’influence “par cercles concentriques“ qui conditionnent la consommation dans la construction de ses habitudes…

Les interventions portant sur le mésusage de l’alcool, aussi bien les politiques publiques et les restrictions qu’elle met en place en terme d’accès et de disponibilité, que les actions de prévention sur le terrain auprès des jeunes et de leurs parents, en France ou à l’étranger, ont bien entendu leur rôle à jouer. Les stratégies d’intervention doivent, pour réduire les risques et les dommages, prendre en compte l’ensemble du processus d’alcoolisation dans toutes ses dimensions biologiques mais aussi personnelles et environnementales, avec cet objectif pragmatique de “retarder l’âge de début de la consommation régulière, diminuer le volume de consommation des jeunes buveurs réguliers et réduire la fréquence des ivresses“…

Il s’agit bien ici de comprendre comment fonctionne, dans cette période sensible de la vie, la consommation de jeunes cerveaux en construction, mais sans les juger, en essayant de dégager au mieux des éléments personnels et sociétaux sur lesquels nous pouvons tous agir, professionnels et non professionnels, car cette consommation est inhérente à la place incontournable qu’occupe l’alcool dans notre société aussi bien auprès des jeunes que des moins jeunes.

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