Alcool : des sénateurs veulent un prix plancher de 3,50 euros pour une bouteille de vin pour « diminuer la consommation »

Des sénateurs PS, de droite et Renaissance vont défendre lors du budget un amendement instaurant un prix minimum par unité d’alcool. L’objectif est qu’il n’y ait plus de bouteille de vin en dessous de 3,50 euros. Une mesure, déjà appliquée en Ecosse, qui vise les plus gros consommateurs, tout en épargnant « les vins de qualité », soit l’essentiel de la filière viticole. Ils y voient un impératif de santé publique face aux 42 000 morts liés à l’alcool chaque année en France.

Alcool

A l’occasion de l’examen du budget 2024, plusieurs sénateurs entendent s’attaquer au prix de l’alcool. Non pas en touchant aux taxes mais en instaurant un prix plancher. Des amendements identiques vont être déposés en ce sens.

« Jusqu’ici, le débat était, est-ce qu’on met plus de taxes sur l’alcool. Ici, on a un outil qui cible les gros consommateurs », vante le sénateur (apparenté PS) Bernard Jomier. La mesure viserait en effet les vins les moins chers, que les personnes qui ont la plus grosse dépendance à l’alcool ont tendance à consommer. Le sénateur de Paris, médecin de profession, souligne que l’idée ne part pas de rien. « En Ecosse, cela a été mis en place en mai 2018. Ça a produit des résultats. On va porter ce débat lors du projet de loi de finances », avance Bernard Jomier.

« Cela diminue la consommation d’alcool chez les gens qui boivent beaucoup »

A ses côtés, deux spécialistes viennent appuyer l’idée de ce prix minium. « Cela diminue la consommation d’alcool chez les gens qui boivent beaucoup. Chez les gens qui boivent modérément, ça ne change rien », explique Bernard Basset, président d’Addictions France. De quoi permettre un « effet positif sur la santé publique ». En France, 8 % des adultes consomment la moitié de l’alcool vendu. Un chiffre qui laisse songeur. En 2050, après l’application du prix minimum, les économies estimées en termes de santé publique sont de 237 millions d’euros.

Autre argument : alors que le secteur viticole s’oppose toujours à toute mesure, Bernard Basset souligne que le prix plancher n’aura pas d’impact économique sur le secteur, du moins pas sur l’essentiel de la production :

Cela ne touche pas les vins de prestige, de qualité, mais les vins bas de gamme, qui sont en cubitainer. Les producteurs indépendants y trouveront leur compte. 

L’amendement explique qu’une unité d’alcool correspond à 10 grammes d’alcool pur. Le prix minimum par unité d’alcool serait ensuite « déterminé par décret ». L’idée est de le fixer à « 50 centimes par unité », précise Bernard Basset, sachant qu’il y a « 7-8 unités d’alcool par bouteille » de vin par exemple. La mesure concernerait tous les alcools, mais c’est surtout le vin qui est visé. Concrètement, « il n’y aurait plus de bouteille de vin en dessous de 3,50 euros », illustre le président d’Addictions France.

Un cubi de 5 litres passerait de 9,35 à 23,30 euros

Sur le site de l’une des principales enseignes de la grande distribution, on trouve par exemple un « vin rouge de pays de l’Aude » à 2,49 euros, un « vin rouge de pays d’Hérault » à 1,85 euros. La célèbre bouteille de La Villageoise s’affiche à 4,15 euros, mais elle fait 150 cl, soit 2 euros les 75 cl. Mieux, le « Beauval », dont l’étiquette précise qu’il s’agit d’un « vin de la communauté européenne », s’affiche à 1,75 euros. A ce prix-là, on est plus proche de la piquette que du grand cru. Quant au « Fin bouquet », il propose le fameux « mélange de vins de différents pays de la communauté européenne » au prix imbattable de 1,70 euros. Soit une augmentation de 106 % pour cette bouteille premier prix, une fois le prix minimum pris en compte, selon nos calculs.

Cela « s’appliquerait aussi aux cubis », précise Bernard Basset. Les cubis les moins chers coûtent un peu plus de 9 euros pour 5 litres, comme celui-ci à 9,35 euros. Après application du prix unitaire minimum, ce même cubi passerait environ à 23,30 euros. Soit une augmentation de 149 %, toujours selon nos calculs. Le prix de la préservation de la santé publique.

Voir la suite de l’article sur le site de de public-sénat